Contre-offensive blindée

Publié le par Romain Lebourg

La contre-offensive blindée du Colonel de Gaulle

Le colonel Charles de Gaulle a commandé la 4e Division Cuirassée (DCr) de sa formation jusqu'à sa nomination comme sous-secrétaire d'état à la guerre. Soit très peu de temps. Mais avant cela, Charles de Gaulle a commandé les chars de la Ve Armée (général Victor Bourret). C'est à ce poste, qu'il a établi son premier plan de contre-attaque blindée de la guerre.

Les moyens du "Général"

Beaucoup de blindés...

Dès le 21 septembre 1939, dans son instruction personnelle et secrète n°1, le Général commandant la Ve Armée envisageait l'intervention en masse des chars dans une contre-attaque d'ensemble. Le commandant des chars de son armée était bien sûr derrière cette idée.

Le 1er octobre 1939, Charles de Gaulle présente à son supérieur son projet d'instruction d'emploi des chars. Cette contre-offensive mettrait en œuvre les cinq bataillons de chars de combat (BCC) sur un front de 5 km ! Une telle concentration de blindés était assez "novatrice" pour l'armée française. Le général Victor Bourret le reprend et le diffuse le 6 octobre auprès de ses commandants de groupes de bataillons de chars (GBC).

Toutefois, l'offensive tant attendue se faisant attendre, le plan ne fut jamais mis œuvre.

... mais peu adaptés...

Toutefois, la plupart des BCC mis en œuvre étaient équipés de chars d'infanterie Renault R 35. Initialement, il y avait également le seul bataillon équipé de char Renault D2, puis seront ajoutés deux BCC dotés de chars lourds Renault B1bis. AU maximum, il n'y eut donc que trois bataillon de chars aptes au combats contre les blindés et capables de communiquer avec un avion.

Les communications au niveaux des échelons de commandement n'était pas forcément mieux loties. Chaque GBC ne comportait... qu'un atelier téléphonique ! Les moyens de communication dépendait donc grandement de l'armée, voire des corps d'armées mobilisés.

Qui plus est, les GBC n'étant pas doté d'une aviation de coopération, les moyens devait également être alloués par l'armée et ponctionnés sur ceux des corps d'armées.

Deux chars Renault, que l'on retrouvera dans la 4° DCr : le puissant B1bis et le modeste R 35.Deux chars Renault, que l'on retrouvera dans la 4° DCr : le puissant B1bis et le modeste R 35.

Deux chars Renault, que l'on retrouvera dans la 4° DCr : le puissant B1bis et le modeste R 35.

Les moyens aériens devant être mis en œuvre

L'action de l'aviation dans la manœuvre :

Dès le 13 octobre 1939, l'inspecteur général des char avait prescrit deux missions à l’aviation, lors d'une contre-attaque d'ensemble :

  • interdire l'observation ennemi en amont et durant la manœuvre ;
  • attaquer l'ennemi à la bombe et à la mitrailleuse pour le paralyser.

Un premier document émis par les forces aériennes de la Ve Armée, le 15 octobre 1939, étudie les moyens nécessaires. Concernant la chasse, outre la protection des avions de renseignement et la couverture des troupes, il envisage des attaques à la mitrailleuse. Enfin, les chasseurs pourraient également avoir à assurer des missions de renseignement.

Il établit qu'un minimum de 22 patrouilles est nécessaire durant toute l'opération, ce qui nécessite un renforcement des moyens disponibles.

Le détail de l'action envisagé :

Le 22 octobre 1939, le commandant des forces aériennes de la Ve Armée émet un Ordre particulier pour l'accompagnement des contre-attaques de chars. Ce document prévoit la participation de l'aviation dans les différentes phases de la contre-attaque. Il ne fait état que des missions de la chasse et de l'aviation de renseignement. En effet, le bombardement reste hors de contrôle des aviateurs détachés aux armées terrestres.

Il est prévu, lors de la contre-attaque, que deux avions appuient les chars. Ces deux appareils doivent être fournis par le GAO du corps d'armée concerné par la contre-attaque. L'un sera spécifiquement chargé de les accompagner et transmettra directement les informations au commandant des chars. Le second renseignera l'artillerie selon les modalités en vigueurs depuis la Grande Guerre.

Afin de couvrir les deux biplaces, la chasse doit fournir des patrouilles triples, tandis qu'une patrouille double doit couvrir la concentration des blindés amis. De plus, si la chasse ennemie se montre trop présente, les chasseurs devront remplacer les avions d'observation ! Il est bien évident que pour rassembler de tels moyens, "l'appel à un ami" est nécessaire : le Groupement de chasse n°22 doit être ce généreux pourvoyeur de renfort.

Bien que spécialisé dns l'attaque en vol rasant le GR I/54 n'est pas concerné : il a été replié pour se expérimenter et se convertir sur le Breguet 693 !

Bien que spécialisé dns l'attaque en vol rasant le GR I/54 n'est pas concerné : il a été replié pour se expérimenter et se convertir sur le Breguet 693 !

Évolutions :

Les document survivants dans les archives des forces aériennes de la Ve Armée ne montrent pas un changement drastique des actions envisagées.

On peut noter que, tout au long de la "Drôle de guerre" des exercices auront lieux entre les GAO des 8e et 12e corps d'armées et les chars. Jamais, il ne sera question d'une liaison bilatérale directe avion - char... même avec les modèles D2.

Le changement le plus notable concerne le remplacement des GAO, dans le plan d'action, par le GR II/52. En effet ce dernier est équipés de Potez 637 plus rapides donc plus aptes à survivre en cas de mauvaise rencontre. Un autre appareil, sans doute un lent Amiot 143, doit être fourni par la 4e Brigade de bombardement ; c'est sa seule intervention imaginée !

Une action pas assez novatrice :

Comme on peut le constater, l'armée de l'Air innove assez peu. On reste dans un schéma très classique. Mais le problème vient peut-être davantage d'un manque de moyens :

  • Les moyens radio ne permettaient pas nécessairement que chaque BCC fût à l'écoute de l'avion d'accompagnement. Ainsi, l'information aurait continué à circuler lentement vers les principaux intéressés... leur arrivant probablement trop tard.
  • Des officiers des chars se montrent assez partisans de l'action des bombardiers. Toutefois l'armée de l'Air n'a alors pas véritablement de moyens. Le plus simple aurait été d'utiliser les ANF disponibles, mais les équipages n'étaient pas forcément entraînés et les appareils alourdis auraient été cibles encore plus faciles à abattre.
Il manquait probablement un vrai appareil de coopération avec les forces terrestres, comme le D.720 (décoration uchronique)..

Il manquait probablement un vrai appareil de coopération avec les forces terrestres, comme le D.720 (décoration uchronique)..

Sources :

  • Note n°322/I-Chars S.DP du 13 octobre 1939
  • Moyens de chasse nécessaires en cas d'attaque ennemie suivi de contre attaque de chars n°1201/3S du 15 octobre 1939
  • Ordre particulier pour l'accompagnement des contre-attaques de chars du 22 octobre 1939 n°1361/3S et ses annexes
  • Additif à l'annexe II de l'ordre particulier pour l'accompagnement des contre-attaques de chars du 8 novembre 1939
  • Note de service n°4420/2S du 10 mars 1940
  • Modificatif n°2 à l'ordre particulier pour l'accompagnement des contre-attaques de chars du 21 février 1940
  • Modificatif n°3 à l'ordre particulier pour l'accompagnement des contre-attaques de chars du 7 mai 1940
  • Collectif, À la 5e Armée commandant les chars, in GBM n°134, octobre-novembre-décembre 2020

 

Publié dans Panorama

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