Chevalier du ciel

Publié le par Romain Lebourg

Nos chevaliers étaient-ils cavaliers ?

Le 3 août 1914, l'Allemagne déclarait la guerre à la France.

Comme je le rappelais précédemment, on n'a pas attendu l'arrivée des cavaliers pour développer notre aviation. À cette date, notre armée comptait 24 escadrilles, dont 3 de cavalerie. Le personnel et l'organisation était déjà présent. De même, les débats sur l'utilisation de l'aviation existaient avant-guerre ; le conflit permit de les clore et d'explorer d'autres possibilités.

Cependant, j'ai voulu vérifier si cette migration était réelle ou fantasmée.

D'où vient cette idée ?

Avec l'installation de la guerre de position, la Cavalerie connut une crise. De là, naquit l'idée que beaucoup de ses soldats optèrent pour l'aviation. La guerre courte s'éloignant obligea d'ailleurs à recruter, ce qui créait une opportunité. J'ai donc commencé à regarder la provenance des pilotes.

L'étude : démarche et méthode

J'épluche le site d'Albin Denis consacré au escadrille de la Grande Guerre pour obtenir l'identité des navigants présents dans les escadrilles. Je croise ensuite avec la base de données "Personnels de l'aéronautique militaire" de Mémoire des Hommes. Lorsque je tombe sur plusieurs militaire du même nom, j'épluche toutes les fiches et note les navigants rencontrés ; celles des ordonnances et des mécaniciens permettent d'avoir accès à d'autres noms que je note également.

Deux difficultés sont à signaler. La première concerne le caractère lacunaire des listes de navigants. C'est un travail de compilation long et difficile à réaliser. Il y a également des trous dans la base de données "Personnels de l'aéronautique militaire" ; c'est notamment le cas pour les ceux entrés ou détachés avant le conflit. Lorsque l'homme est décédé, sa fiche matricule permet de palier à une absence de données ; mais sinon, on ne peut obtenir de résultat probant.

Les résultats :

À  l'heure actuelle, avec peu d'escadrilles (4) étudiées, je ne note pas de grosse supériorité. La différence est beaucoup plus marquée chez les observateurs, dont l'immense majorité est issue de l'artillerie... parce qu'un besoin existe bel et bien.

Les deux diagrammes camembert suivant illustrent ce résultat provisoire :

Chevalier du cielChevalier du ciel

On peut pousser l'étude un peu plus loin en regardant sur l'ensemble du conflit et par comparaison avec les deux autres autres principales armes (Artillerie et Infanterie) et les troupes d'aéronautique :

Chevalier du ciel

Comme le montre le graphique, on voit une nette augmentation du contingent de cavaliers entre l'entrée en guerre et 1915, ensuite, cela baisse et c'est l'Infanterie qui prend le relai. On ne semble d'ailleurs pas revenir aux pourcentages de l'entrée en guerre.

Discussions :

Il faut cependant nuancer cette étude car elle ne concerne encore qu'un petit nombre de personnels (572). Ceux dont l'arme d'origine n'a pu être identifiée ont été éliminés. De plus, les données pour 1918 en ma possession sont encore faibles : le très haut pourcentage de fantassin pour être amené à diminuer dans l'avenir.

Ainsi, ces résultats sont-ils provisoires et amenés à évoluer au fur et à mesure que cette base de données se complétera. Pour l'heure, je ne pense pas que l'on puisse en tirer de conclusion, sauf peut-être sur la répartition avant guerre... et encore ! Seule les tendances concernant les observateurs en avion me paraissent solides, car elle sont conformes aux évolutions des missions de l'aviation d'observation.

D'autre part, elle ne donne pas les proportions de navigants à un instant T mais de ceux qui entrent dans l'aéronautique. Le calcul serait plus difficile car il faut prendre en compte le décès ou le changement de fonction (des observateurs sont devenus pilotes et un pilote est devenu mécanicien) voire le retour à son arme d'origine (oui, ça a existé).

À l'année prochaine 😉

Publié dans Les hommes

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D
Belle approche, et très intéressant. Bravo pour votre première partie d'analyse.
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R
Merci bien, c'est un travail de longue haleine !