Malheurs du chasseur (réponse 2)
Les précédents articles sont à lire et à relire
ici, ici, et là ! ainsi que là !
Retour sur un commentaire II
Un autre point de mécontentement pour moi, concerne la phase de rejet du LN-161 et les arguments que j'ai utilisés.
Je suis clair : mes hypothèses ne se basent pas sur des faits, mais des considérations qui me paraissent relever du bon sens, face à la situation telle qu'elle était connue (ou ce que j'en connais). Je reste persuadé que le MS-406 pouvait apparaître comme un appareil dont la mise en production allait être plus rapide et dont l'aspect rustique pouvait laisser entrevoir un entretien facilité. Je n'écris nulle part que c'était effectivement le cas, ni que cela est entré en ligne de compte : je n'en ai pas la preuve. Mais je trouve ces explications rationnelles.
En revanche, les hypothèses de mon camarades ne me paraissent pas plus sérieuses :
"Les miennes sont qu'il y a certainement eu un lobbying forcené (voire pire), j'en veux pour preuve les articles de presses sur le MS 405 qui ont tout du publi-reportage ou les discussions en 1938 sur un successeur du MS 406 (ce sera le MB 151) où des chiffres FAUX sur les performances des LN 161 et MS 406 sont donnés par des responsables du CEMA lors des discussions au plus haut niveau (voir les articles de Pierre-Yves Hénin)."
Le fait que les dirigeants du CEMA donnèrent des chiffres faux peut aussi faire penser qu'ils ne voulaient simplement pas ou plus du LN-161.... Ils ne prouvent pas qu'ils ont été influencés par un concurrent. En réalité, avant de crier au "lobbying forcené (voire pire)", il faudrait avoir des preuves... mais cela demande un travail long d'enquête (un travail d'historien, en fait) pour trouver les marques de collusion. Comme dit souvent Acermandax de la Tronche en biais : une affirmation sans preuve, peut être rejetée sans preuve ! Donc, en l'état, cette hypothèse vaut bien la mienne.
Quant aux articles de presse, il faudrait des références, car ce n'est pas à moi d'aller les lire pour vérifier s'ils ressortent du publireportage ! C'est du devoir de cdelui qui affirme quelque chose que d'apporter les preuve de ce qu'il dit (principe du "qui dit, prouve !"). En regardant rapidement les articles consacrés par le journal Les Ailes, je remarque que le MS-405 fut très souvent affecté de commentaires très flatteurs alors que le LN-161 ne l'était pas. Mais les articles présentant plus en détail les appareils me semblent tout aussi laudateurs l'un que l'autre. Malheureusement il n'est pas possible de tirer des conclusions suite à l'étude d'une revue.
Les raison du rejet du LN-161 malgré ses très bonnes performances ne me paraissent donc par élucidées par ce débat. Même si le lobbying a certainement toujours exister, il en faut en apporter la preuve. Tout comme je devrais prouver ce que j'avance (mais je ne souhaitias rien affirmer, juste apporter des pistes de réflexion différentes).
L'uchronie de DMZ sur le forum Fantasque time line :
En lisant les premiers posts de l’uchronie de DMZ, plusieurs points me gênent :
"La mise en production sera également raccourcie : un an entre la commande et la sortie du premier exemplaire. Ceci peu paraître court, surtout quand on connaît les dérives de la production du Morane 406 ou d'autres appareils, mais le LN 161 était conçu pour être de construction modulaire à la différence du MS 406. De plus, c'est le temps qu'il a fallu pour mettre en production le LN 401 de l'aéronavale, appareil utilisant le fuselage du LN 161 et des ailes beaucoup plus grandes et plus complexes (ailes de mouette inversées repliables)."
Sauf que la production du LN 401 intervint près d'une année après (l'industrie avait eu le temps d'évoluer) et qu'elle fut beaucoup plus modeste. Comment aurait influé la nécessaire mise ne place d'un nombre plus important de machines-outils et la formation du personnel ?
"Ceci donne une production de 370 chasseurs en août 1938 dont 220 pris en compte par l'armée de l'air, équipant 6 GC (dont un pour la formation et transformation des pilotes) à effectif théorique de 34 appareils."
En 1938, il n'existe pas de groupe de chasse pour la formation et la transformation des pilotes : celle ce fait directement en escadre ! On comme ici à dériver très fortement de la réalité et la suite de l'uchronie poursuit dans cette voie. Néanmoins deux autres points peuvent être abordés (dont un qui a été mentonné en commentaires) :
- Le fait de faire passer les groupes de chasse à trois escadrilles peut sembler une meilleure idée que de faire passer les escadre à trois groupes. En effet, on fait l'économie d'un état-major donc de plusieurs officiers, denrée plutôt rare. Cela permet également d'allouer plus de moyens en un secteur donné. Mais on ne dispose pas alors de plus d'unités à disperser sur le front et le territoire dans le cadre de notre stratégie défensive... sauf à imaginer qu'il y a déjà eu création de ses troisièmes groupes (ça n'est pas mentionné) ; mais on tombe alors dans le problème suivant :
- La pénurie de pilote et de personnel technique étant apparue plus tôt, elle aurait été réglée plus tôt. Ça semble logique ! C'est oublier que pour former des pilotes, il faut des écoles des locaux, du personnel (d'instruction, d'encadrement et... d'entretien) et... des avions. La mobilisation de septembre 1939 a permis de fournir tout cela grâce à la réquisition des moyens des aéroclubs. Pour le personnel technique, les remarques sont presque identiques, à ceci prêt que ces derniers se formaient sur des appareils hors d'état de vol. Dès lors, il me paraît douteux que le problème aurait pu être réglé si facilement en temps de paix. Des conjectures plus étayées seraient nécessaires.
En conclusion, je vais être certainement sévère, mais cette uchronie me paraît vaseuse. Vaseuse dans le sens, où elle ne repose pas sur des bases qui me paraissent stables et bien étayées. Les problèmes sont souvent balayés d'un revers de la main, comme si leur résolution allait de soi. Le cadre du réel est modifié pour coller à sa vision, comme si la réalité aurait forcément été totalement autre sur bien des points ! Avec des LN 161 à la place des MS-406, l'armée de l'Air n'en aurait pas moins conservé de très grandes similitudes avec celle qu'elle fut. Et l'armée de Terre également.
En fait, il ne faut pas oublier que l'uchronie reste une pure fiction et ne peut servir de démonstration pour montrer qu'un meilleur choix était possible. Si on accepte ce postulat, alors tout est possible ! Un appareil Loire-Nieuport avec le capotage d'un concurrent, comme une armée de l'Air plus efficace et plus à même de contrer la Luftwaffe, voire une victoire de la France en 1940. Historiens et uchronistes ne jouent tout simplement pas dans la même cours.
Mon profil uchronique du LN-163. Le commanditaire n'a pas apprécié que je prenne trop de libertés avec le camouflage français. Si on suit tout ce que j'écris, il avait très certainement raison.....