Flamant d'assaut
À la fin des années 1940, le MD-311 fut initialement conçu comme appareil d'entraînement de formation pour les navigateurs et les bombardiers. Bien que la guerre en Europe était terminée, les conflits de décolonisation, puis la mise en place d'une force aérienne de dissuasion nucléaire allaient donner une grande importance à cette mission.
Cependant, un petite partie du parc connut un usage au combat, aux côtés de la version de police coloniale, le MD-315.
Sur les sentiers de la guerre :
Les deux premiers MD-311 arrivèrent en Algérie en 1953 et 1954. L'année suivante, la Section de recherche et d'expérimentation 9/540 de Télergma fut chargée de définir leur emploi dans les opérations de maintien de l'ordre.
L’intérêt de l'appareil résidait dans sa capacité à effectuer des missions de bombardement. En effet, il pouvait emporter jusqu'à dix bombes de 50 kg. En 1956, le nombre des appareils était passé de quatre à quatorze. Tous étaient déployés au sein du Groupe d'outre-mer 86 Grands Ergs.
Cependant, à partir de 1960, l'armée de l'Air disposaient d'appareils plus performants pour les missions d'appui. Durant les deux dernières années du conflit, l'utilisation des Flamant III déclina, comme leur nombre.
L'accès au nez vitré. Le disque creux sur la gauche correspond à l'emplacement du viseur de bombardement Norden.
Destructeurs de caches d'armes :
Les fellaghas utilisaient des grottes comme dépôts d'armes et de munitions. Ces objectifs étaient difficiles à atteindre avec les bombes ou les roquettes utilisées jusque-là. Dès la fin de l'année 1956, le Centre d'expériences aériennes militaires testa deux appareils pour le lancement de missiles filoguidés SS-11.
Le nez vitrée du Flamant III permettait de garder à vue les entrées des cavités et d'y guider un missile. Le radio-navigateur s'y installait donc et, avec un manche, guidait le projectile. Celui-ci comportait des voyants lumineux sur ses empennages pour permettre le suivi de sa trajectoire. Toutefois, ce procéder demandait un entraînement rigoureux... mais payant.
Sept bimoteurs furent finalement modifiés et renvoyés en Algérie, en 1958, au sein du GOM 86.
le chant du cygne :
En 1960, le Centre d'essais en vol de Brétigny-sur-Orge avait mis au point une version de repérage radio. L'année suivante, les quatre exemplaires de cette version, baptisée Starec, furent envoyés en Algérie. C'est le Groupe de liaisons aériennes 45 de Boufarik qui les mit en œuvre.
En mars 1962, au moment des accords d'Évian, le GOM 86 ne comportait plus le moindre Flamant III. En octobre suivant, l'effectif du GLA 45 fut réduit de moitié. Les deux derniers exemplaires quittèrent le pays, probablement au début de l'année 1963.
Sources :
- MERMET J-C, Dassaut Flamant 1re partie, Aérojournal n°30, août-septembre 2012
- MERMET J-C, Dassaut Flamant 2e partie, Aérojournal n°31, octobre-novembre 2012
- RENAUD P-C, MD-315 : de gros poissons pour un Flamant, Aerostories, 2002 (12/07/2022)
- ZOBRIST J-E, contribution sur le GOM 86, site Traditions des escadrilles de l'armée de l'Air (12/07/2022)