Winchester
La carabine à répétition est typique des westerns. Et ce n'est pas d'elle dont je vais parler mais d'un modèle semi-automatique. Quoi que... Regardez plutôt cette image :
Cette petite carte, apparue en 1934 aux États-Unis, montre clairement une carabine à répétition de cow-boy. Et pourtant, un témoignage d'Eugène Gilbert rédigé en mars 1917 permet de remettre en question ce choix artistique :
"Comme [...] mon revolver était vraiment impuissant à faire taire deux mitrailleuses (nos adversaires venant de nous faire cette petite surprise), j'installais, fixé sur le côté de mon avion, une carabine Winchester à répétition pouvant tirer... quatre cartouches sans être rechargée, et je partis à l'aventure, muni de quelques chargeurs, de mon éternel revolver et d'une certaine dose de... culot."
in Mortane Jacques, Les as peints par eux-mêmes : étude sur les héros disparus, Librairie Alphonse Lemerre, 1917, p. 120
Si le pilote français parle bien d'un modèle à répétition, la mention de chargeur contredit le choix du dessinateur. En effet, sur le modèle représenté, les cartouches s’introduisent l'une après l'autre dans un magasin tubulaire, situé sous le canon. Or, il a bien exigé des modèle à chargeurs : les carabines automatique* modèle 1907 et 1910.
Carabine automatique Winchester et les cartouches des deux calibres disponibles au catalogue Manufrance 1913 (origine : BNF)
La seule différence entre ces deux modèles concerne le calibre de la munition :
- 0,351 pouces (8,92 mm) pour le modèle 1907 ;
- 0,401 pouces (10,2 mm) pour le modèle 1910.
Ces deux modèles furent utilisés par l'aéronautique militaire durant la Grande Guerre, même si le modèle 1907 fut préféré et devint finalement le seul réglementaire. Le chargeur semble avoir été le même pour les deux modèles et permettait d'emporter une cartouche de moins sur le modèle 1910... soit quatre coups.
C'est donc très probablement une carabine semi-automatique Winchester modèle 1910 qu'utilisa Eugène Gilbert.
Note :
* Le terme automatique désignait alors les armes dont le réarmement se faisait sans intervention du tireur. De nos jours, ce terme est réservé aux armes capables de tirer en rafales.